En octobre dernier, Ubuntu sortait sa mise à jour semestrielle habituelle, dénommée cette fois-ci “The Oneiric Ocelot”, ce qui signifie littéralement l’ocelot onirique (l’ocelot étant un chat sauvage).

Oneiric est une mise à jour majeure d’Ubuntu, étant donné que le système est maintenant basé sur l’environnement de bureau Gnome 3 et non plus Gnome 2. Cependant, l’interface choisie n’est pas le nouveau Gnome Shell mais une nouvelle version d’ Unity, l’interface spéciale d’Ubuntu qui existe depuis un an.

Unity est une interface à priori séduisante, qui présente des similarités avec Gnome Shell (et facilite la transition vers celui-ci), mais que j’ai trouvé un peu rebutante à l’usage. Parmi les principaux défauts, je citerai les suivants:

  • Unity est plus gourmand en ressources et met un peu plus de temps à démarrer que Gnome Shell.
  • Les thèmes visuels d’Ubuntu Radiance (clair) et Ambiance (sombre), bien qu’assez réussis, ne sont disponibles qu’en orange et la couleur ne peut pas être changée. Auparavant, on pouvait via les options mettre une couleur plus agréable, comme bleu.
  • La barre de menus de la fenêtre active se colle en haut de l’écran, comme sur Mac. Sauf qu’elle est cachée par défaut jusqu’à ce que la souris passe en haut de l’écran. C’est perturbant et peu pratique à mon avis.
  • Le “lanceur” est une barre latérale située à gauche et on ne peut pas le déplacer vers un autre bord de l’écran, comme par exemple en bas ou en haut.
  • On ne peut pas voir l’aperçu des fenêtres lorsqu’on bascule d’une fenêtre à l’autre avec la combinaison de touches Alt+TAB, sauf s’il y a plus d’une fenêtre ouverte pour cette application et qu’on patiente 2 secondes avec la touche Alt enfoncée.
  • Certaines applications comme Chromium démarrent maximisées et ensuite lorsqu’on redimensionne leur fenêtre, leur barre de titre ne s’affiche pas correctement.
  • Le comportement général d’Unity ne peut pas être modifié au moyen d’extensions, contrairement à Gnome Shell qui est plus flexible.

Il y a aussi les options parfois énervantes qu’on peut heureusement changer:

  • Les barres de défilement externes en surimpression qu’on peut désactiver comme je l’expliquais dans mon précédent billet sur Ubuntu Natty;
  • Les boutons pour maximiser, réduire et fermer les fenêtres qui s’affichent par défaut en haut à gauche mais qu’on peut déplacer à droite en tapant une commande.

L’avantage principal d’Unity est son intégration complète avec les applications-clé: calendrier, lecteur de musique, client mail, logiciel de messagerie instantanée. Par exemple, toute la musique cataloguée par le lecteur audio Banshee est disponible immédiatement en tapant le nom d’un morceau ou d’un artiste dans le “dash” (le menu principal). De même, certaines applications peuvent afficher des informations d’état via leur icône dans le lanceur (comme sur Mac), ce qui est assez pratique.

Pour le reste, tout est une question de goûts. Et si l’environnement Unity est sans cesse amélioré, il n’est certainement pas au goût de tout le monde. Depuis cette nouvelle version, il n’est plus possible d’utiliser le bureau classique d’Ubuntu avec ses extensions et les effets 3D. Par contre, si le coeur vous en dit, vous pourrez installer Gnome Shell et l’environnement Gnome 3 original en suivant ces instructions. Vous pourrez alors disposer d’un bureau comme celui-ci:

J’ai moi-même longtemps hésité entre Unity et Gnome Shell avant de finalement opter pour ce dernier grâce à ses nombreux thèmes et extensions qui fournissent les fonctions dont j’ai besoin. Bien entendu, tout cela demande un peu de temps et de patience avant d’être configuré selon ses désirs, tandis que l’environnement Unity est assez complet et préconfiguré dès le départ pour fournir les fonctions utiles au plus grand nombre.

Je suis globalement déçu de la stratégie de Canonical concernant Unity. Pourquoi ne pas avoir basé cette nouvelle version de l’interface sur Gnome Shell, en l’adaptant grâce à des extensions désactivables comme l’a fait Linux Mint dans sa version 12?

Peut-être pour se baser sur un système existant plus classique en attendant que Gnome Shell soit parfaitement stable et éprouvé. S’il fonctionne très bien dans l’ensemble, j’ai remarqué que Gnome Shell ne fait pas bon ménage avec les cartes graphiques AMD de dernière génération et le pilote vidéo propriétaire qui soit affiche de la corruption à l’écran, soit fait redémarrer le shell de temps en temps, selon la version. Espérons qu’AMD travaille avec les développeurs de Gnome Shell et qu’ils règlent cela rapidement.

Autre problème concernant cette version d’Ubuntu en général: le noyau linux qu’elle intègre s’adapte mal à la toute dernière génération d’ordinateurs portables basés sur les architectures Sandy Bridge et Ivy Bridge. Si vous désirez installer Ubuntu sur ces machines, vous devrez mettre à jour le noyau manuellement ou attendre la prochaine mouture qui sort fin avril.

Terminons par un résumé des nouveautés applicatives d’Ubuntu Oneiric:

  • Le nouvel écran de démarrage du système, plus rapide et flexible, est basé sur LightDM et non plus GDM.
  • Le performant gestionnaire de backups automatiques Déjà Dup est à présent installé par défaut. Il peut sauvegarder les fichiers sur disque ou dans le cloud, par exemple sur un compte Ubuntu One.
  • Thunderbird est à présent le client mail par défaut. Son carnet d’adresses, bien que très limité, peut également se synchroniser avec Ubuntu One;
  • L’interface de l’application “Logithèque Ubuntu” a encore été améliorée;
  • Le client RDP/VNC par défaut est à nouveau Vinagre;
  • La nouvelle version du client de microblogging Gwibber s’intègre mieux à Gnome;
  • L’éditeur vidéo Pitivi, le gestionnaire de paquets Synaptic et aptitude ne sont plus installés par défaut mais demeurent facilement installables depuis les dépôts.

En conclusion, je considère toujours Ubuntu comme une distribution GNU/Linux majeure et incontournable même si elle traverse actuellement une période de transition et d’adaptation. Attendons de voir ce que nous réserve la prochaine version, qui sera supportée à long terme et mettra par définition l’accent sur la stabilité.

Christophe Beyls