Après quelques mois de silence radio, il est temps de reprendre la rédaction de nombreux articles sur ce site!

L’ Ubuntu nouveau est arrivé fin avril et possède de sérieux atouts pour séduire de nouveaux utilisateurs tentés par l’expérience Linux. Pour ceux qui ne connaissent pas, Ubuntu est le système d’exploitation GNU/Linux le plus populaire à l’heure actuelle, conçu pour être simple à installer et à utiliser tout en fournissant toutes les fonctions qu’on est en droit d’attendre d’un système d’exploitation moderne.

La version 10.04 porte le sobriquet de “Lynx Lucide”, mettant l’accent sur la rapidité sans pour autant négliger la stabilité, ce qui est important puisqu’il s’agit d’une version LTS supportée durant 3 ans pour la déclinaison standard et 5 ans pour la déclinaison serveur.

Pour ce qui est de la vitesse, je peux confirmer que l’amélioration du temps de démarrage du système par rapport à la version précédente est tout simplement époustouflante. En fait, Ubuntu démarre plus rapidement que Windows 7 (version 64-bit) sur mon PC portable, c’est vous dire les progrès qui ont été faits! L’accélération ne porte pas uniquement sur la séquence de démarrage du système jusqu’à l’écran d’ouverture de session, mais aussi sur l’ouverture de session elle-même qui est quasiment instantanée et nettement plus rapide que sous Windows. Moins de 5 secondes après avoir entré son mot de passe, on se retrouve face à un bureau prêt à l’emploi. Pour atteindre de telles performances, un nouveau système de préchargement des fichiers a été mis en place, le composant de détection et abstraction du matériel HAL a été remplacé par DeviceKit et l’écran de démarrage graphique est désormais basé sur Plymouth (créé à l’origine pour Fedora), qui supporte plus de cartes graphiques que xsplash. Plymouth permet d’initialiser la carte graphique correctement dès le début de la séquence de démarrage du système d’exploitation, afin d’éviter d’avoir à le refaire lors du chargement de l’environnement graphique qui intervient un peu plus tard et ainsi gagner du temps tout en évitant l’utilisation d’écrans intermédiaires perturbants.

Deuxième claque au démarrage: non seulement ça va vite, mais en plus ça a de la gueule. Adieu le thème visuel par défaut brun orange vomitif des versions précédentes et bonjour les deux nouveaux thèmes largement inspirés de Mac OS X, surtout au niveau des icônes minimalistes de la zone de notification située en haut à droite de l’écran. “Radiance” est la version claire et la plus réussie à mon avis, tandis que “New Wave” est la version sombre qui tend encore un peu trop vers l’orange. Les designers sont même allés jusqu’à copier le style arrondi et la position des boutons de la barre de titre des fenêtres (fermer, réduire, agrandir) qui sous OS X sont situés à gauche et non à droite, ce qui s’avère assez déroutant au départ. On peut modifier ce comportement en bidouillant la configuration.

Le fond d’écran par défaut affiche un motif abstrait d’un violet éclatant et fait lui aussi immédiatement penser au fond d’écran spatial par défaut de Mac OS X (Snow) Leopard. Il faut avouer que ça donne plus envie d’utiliser sa machine que l’espèce de vague orange des versions précédentes. Pour terminer la liste des changements visuels qui rapprochent Ubuntu du système d’exploitation d’Apple, toutes les notifications et les infobulles (y compris celles qui apparaissent lors du passage de la souris sur certains liens dans le navigateur web Firefox) s’affichent sur la forme de bulles grises translucides, ce qui renforce encore l’impression d’intégration du système.

En parlant d’intégration, une nouvelle fonction innovante mais malheureusement pas encore tout-à-fait au point a vu le jour: l’intégration des réseaux sociaux (Facebook et Twitter en particulier) avec le bureau, afin de permettre la mise à jour de son statut en un clic ou l’accès direct à un mashup des dernières publications de vos amis. Ceci se fait par le biais du logiciel Gwibber qui semble toujours en être au stade expérimental bien que prometteur: incomplet, interface peu intuitive, aucun retour lors de l’actualisation du statut, grosse utilisation du CPU… Mieux vaut le désinstaller et utiliser TweetDeck à la place. Par contre, l’intégration de la messagerie instantanée introduite dans la version précédente d’Ubuntu semble arrivée à maturité.

La compatibilité matérielle est comme toujours excellente, même s’il faut quelquefois faire un ou deux réglages manuels (comprenez: maîtriser Linux et sa ligne de commande) pour atteindre la perfection. Par exemple, sur mon PC portable récent j’ai dû ajouter un paramètre au lancement du noyau afin que les touches de contrôle de la luminosité de l’écran fonctionnent correctement. Des pilotes vidéo libres améliorés ont fait leur apparition, dont Nouveau pour les cartes graphiques nVidia (2D uniquement) et le dernier pilote libre supportant la 3D sur les puces graphiques ATI les plus récentes. Le lecteur audio Rythmbox peut désormais – en théorie – se synchroniser avec l’iPhone et l’iPod Touch d’Apple mais la dernière fois que j’ai tenté cette opération, ce fut un échec. Pour le reste, Lucid Lynx est nettement plus “Plug&Play” que Microsoft Windows.

Au rayon applicatif on trouve Firefox et OpenOffice mis à jour dans leur dernière version mais aussi quelques nouveautés. L’application classique de numérisation de documents Xsane, plutôt laide et rebutante, a fait place au nouveau Simple Scan à la portée d’un enfant en bas âge. Le fameux éditeur d’images GIMP n’est plus installé par défaut, tandis que l’éditeur vidéo PiTiVi a fait son apparition. Pourquoi dissimuler un éditeur d’images stable et reconnu pour ajouter un petit éditeur vidéo qui commence à peine à faire ses preuves? Probablement encore afin d’imiter Apple qui livre d’origine sur ses machines ce genre de logiciel… mais dans ce domaine, n’est pas Apple qui veut!

Voilà qui conclut ce petit aperçu d’Ubuntu Lucid Lynx, que l’on pourrait également appeler Ubuntu Mac OS X Edition. Pour ma part je vous le recommande chaudement, surtout si vous utilisez toujours une ancienne version de Windows… Je consacrerai prochainement un article à une liste de logiciels à installer sous Linux qui ne vous donneront plus aucune excuse pour utiliser Windows en tant que système d’exploitation principal sur votre PC.

Christophe Beyls