Avant toute chose, prière de m’excuser pour l’écriture un peu tardive de cet article qui n’est plus vraiment d’actualité étant donné que l’engin est sorti il y a 3 mois. Je tenais néanmoins à faire un petit bilan personnel sur Apple en 2012 et donner mon avis sur ce nouveau produit qu’on s’est beaucoup offert dernièrement.

2012 c’est donc pour Apple l’année post-Steve Jobs avec l’iPhone 5 et l’iPad version Retina et mini. À propos de l’iPhone 5 (qui est donc en réalité le sixième iPhone et non le cinquième), on a entendu fuser beaucoup de critiques lors de sa sortie, pointant du doigt son faible apport de nouveautés et son prix toujours aussi élevé. Cela m’a surpris car pour moi, l’iPhone 4S présente encore moins de nouveautés par rapport à son prédécesseur que cet iPhone 5. C’est un bel objet, très puissant, bien construit, avec un bel écran large au rendu exemplaire et un appareil photo presque inégalé sur smartphone. Par contre au niveau logiciel, toutes les applications existantes ont dû être adaptées pour ce nouveau format d’écran, faute de quoi elles s’affichaient avec de belles bandes noires. Des applications s’adaptant aux différentes tailles d’écrans, voilà une chose qu’Android gère parfaitement depuis la version 1.6 (en 2009). Apple a beau contrôler totalement ses produits, cela n’empêche pas la marque d’introduire de la fragmentation au fur et à mesure que sa gamme se renouvelle. L’autre point faible de la partie logicielle de cet iPhone 5, c’est iOS 6 qui n’apporte rien de vraiment nouveau et a remplacé Google Maps par le tristement célèbre Apple Maps (Plans) beaucoup moins fiable et abouti. Heureusement quelques mois plus tard Google publiait la nouvelle version de Google Maps sur l’App Store, et les consommateurs retrouvèrent le sourire.

Rayon tablettes, nous avons eu droit en début d’année à la version “Retina” (= double résolution) de l’iPad, baptisé initialement “Nouvel iPad” mais qu’on appelle à présent “Ancien nouvel iPad” puisqu’une nouvelle version Retina est sortie à la fin de l’année, en même temps que le fameux iPad mini.

En son temps, Steve Jobs avait déclaré que son entreprise ne sortirait jamais une tablette 7 pouces:

7-inch tablets are tweeners: too big to compete with a smartphone and too small to compete with the iPad. ….7-Inch tablets are dead on arrival.

Avec l’iPad mini, Tim Cook (le nouveau patron) a-t-il trahi son prédécesseur? Pas tout-à-fait, car cette tablette ne mesure pas 7 pouces mais 7,9 pouces: nuance. À en croire les communiqués de presse, cela change tout. En réalité, l’iPad mini affiche le même nombre de pixels que l’iPad 2 (1024×600) et fait fonctionner les applications de façon strictement identique mais sur une surface plus petite, sans ajuster la taille des éléments à la densité de l’écran comme le font les appareils Android. Techniquement l’usage est donc un peu moins confortable, surtout dans les applications qui présentent des boutons dont la taille les rend tout juste utilisables sur la version 10 pouces. Cet inconfort est contrebalancé par une très bonne finition et un poids-plume de 308g (contre 601g pour l’iPad 2).

À l’intérieur de la bête, on trouve exactement les mêmes composants que dans l’iPad 2, à l’exception des capteurs photo de qualité légèrement supérieure. L’iPad mini est donc un iPad 2 rétréci vendu au prix de base de 320 €.

Le hic c’est que l’iPad 2 est sorti en mars 2011 et qu’il est pour ainsi dire dépassé techniquement. Il ne dispose que de 512 Mo de RAM, une puissance de calcul assez moyenne et surtout un écran d’une définition trop faible pour une tablette aux normes d’aujourd’hui. Et la concurrence ne s’est pas privée de faire mieux: Asus et Google ont sorti la Nexus 7, une tablette 7 pouces plus performante avec 1 Go de RAM et un écran IPS d’une définition supérieure de 1280×800 pixels (alors qu’il est plus petit), pour un prix record de 200 € en version 16 Go. Et Google commence à avoir une sacrée maîtrise du monde des tablettes, contrairement à Microsoft ou Blackberry par exemple.

Ajoutez à cela le fait que l’iPad mini ne dispose pas encore d’une version dédiée de Google Maps et vous comprendrez vite que dans la gamme des tablettes “accessibles”, il est loin d’être le meilleur choix. Son atout majeur reste sa logithèque étoffée de logiciels optimisés pour tablettes même si dans ce domaine, Android est en train de rattraper son retard à vive allure.

Je m’interroge sérieusement sur la stratégie d’obsolescence programmée pour les tablettes Apple. Alors que l’iPad 2 est déjà considéré par certains (dont moi) comme obsolète et qu’il est le prochain produit sur la liste des tablettes à ne plus recevoir de support, voilà qu’ils en sortent une nouvelle version plus petite ce qui va donc les obliger à fournir du support pour celle-ci pendant encore au moins quelques années. Vont-ils décider d’arrêter le support de l’iPad 2 avant celui de l’iPad mini alors que ces deux produits sont virtuellement identiques? Vont-ils introduire de la fragmentation en maintenant en parallèle deux plates-formes iPad séparées par un fossé technologique? L’avenir nous le dira mais je connais un certain Steve qui doit déjà se retourner dans sa tombe. Malgré des chiffres de vente qui se maintiennent en ce début 2013, on commence clairement à ressentir le début du déclin de la marque à la pomme par son manque cruel d’innovation.

Christophe Beyls