Les systèmes de tarification de l’énergie visant les propriétaires de panneaux photovoltaïques en Wallonie sont actuellement le sujet de nombreux débats (notamment sur les réseaux sociaux) et force est de constater que la majorité de la population n’y comprend pas grand chose, y compris chez certains politiques et journalistes. La faute en partie au gouvernement wallon qui communique mal sur les changements de réglementation.

En tant que nouveau propriétaire wallon d’une installation de panneaux photovoltaïques, je me suis moi-même penché sur le sujet et ai recoupé un maximum d’informations concrètes pour tenter d’enfin y voir plus clair et réaliser de vraies économies. Voici mon analyse détaillée.

Le tarif prosumer, le beurre et l’argent du beurre

On entend souvent les gens parler à tort d’une taxe prosumer, qui serait imposée sur l’injection d’électricité produite par les foyers wallons dans le réseau. En réalité, ce n’est pas une taxe sur l’injection, mais bien un tarif de prélèvement. La confusion vient probablement du fait que ce montant n’est facturé qu’aux prosumers, c’est-à-dire aux foyers à la fois producteurs et consommateurs d’électricité. Cependant, c’est bien le prélèvement d’électricité depuis le réseau qui est facturé, et la quantité d’énergie injectée n’a aucun impact sur le prix à payer.

Le tarif prosumer wallon existe uniquement dans le cadre du système de facturation d’énergie basé sur le mécanisme de compensation entre les prélèvements et les injections, également appelé plus familièrement compteur qui tourne à l’envers. Ce système, qui a été abrogé à Bruxelles et en Flandre, suit le principe du compteur d’électricité mécanique traditionnel qui tourne en sens normal lorsque le foyer prélève de l’électricité du réseau et tourne à l’envers lorsque le foyer injecte un surplus d’électricité produite par ses panneaux photovoltaïques sur le réseau. Le résultat est qu’au moment du relevé du compteur, l’ensemble des prélèvements d’électricité annuels du foyer se retrouve diminué de l’ensemble des injections annuelles, et ce peu importe à quel moment l’énergie a été prélevée ou injectée. Il faut rappeler que dans le cas des panneaux photovoltaïques, la majorité de l’électricité est produite au printemps et en été (jusqu’à 4 fois plus qu’en hiver) et uniquement en journée, alors qu’elle peut être consommée par le foyer à tout moment.

Pour peu que l’installation photovoltaïque du foyer ait été correctement dimensionnée par rapport à ses besoins annuels en énergie, la quantité d’électricité annuelle qui sera facturée au tarif normal par le fournisseur s’élèvera donc à zéro (les surplus de production éventuels étant perdus).

Dans les faits, ce système revient à utiliser le réseau électrique wallon comme une batterie géante, capable de stocker de l’énergie en été pour l’utiliser en hiver, ce qui est intéressant financièrement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’installation d’une batterie à domicile en Wallonie est aujourd’hui un non-sens. Jusqu’en 2020, l’usage du réseau comme batterie géante par les prosumers wallons était entièrement gratuit, alors que les consommateurs classiques payent des frais de réseau inclus dans le prix de leur électricité. Pour réparer cette injustice et afin que tous ceux qui utilisent le réseau électrique contribuent à financer celui-ci, le tarif prosumer a été introduit.

Le tarif prosumer couvre les frais de transport et de distribution pour l’électricité prélevée sur le réseau. Il n’inclut ni les coûts de production de l’électricité ni les taxes payés par les consommateurs classiques, qui ensemble représentent aujourd’hui au minimum la moitié du prix total. À titre indicatif, selon la CREG le coût moyen annuel de l’électricité en Wallonie en avril 2023, tous frais inclus, est de 0,37 €/kWh (au plus fort de la crise de 2022, il était monté aux alentours des 0,69 €/kWh). Tandis que les frais de transport et de distribution seuls varient peu d’une année à l’autre et sont déterminés à l’avance pour chaque province: en 2023 ils s’élèvent en moyenne à 0,15 €/kWh. Et bien entendu, la quantité d’énergie prélevée sur le réseau par les foyers prosumers est inférieure à la quantité d’énergie totale qu’ils consomment car une partie de cette énergie est autoconsommée, c’est-à-dire captée en direct depuis les panneaux photovoltaïques au lieu d’être injectée sur le réseau. La CWaPE évalue aujourd’hui cette autoconsommation à 37,76% en moyenne et le montant de la facturation du tarif prosumer est plafonné à cette valeur.

Les deux types de tarifs

Le tarif prosumer se décline en deux variantes:

  • Le tarif capacitaire ou forfaitaire: c’est le tarif appliqué pour les possesseurs d’un compteur mécanique classique. La quantité d’énergie prélevée depuis le réseau est calculée en se basant sur deux estimations. Premièrement, la consommation électrique totale annuelle du foyer est estimée d’après la capacité de production de son installation photovoltaïque (exprimée en kWe), plus exactement la valeur minimum entre la puissance nominale des panneaux (en kWc) et la puissance de l’onduleur (en kVA), combinée à un facteur de production annuelle fixe de 910 kWh/kWe. Deuxièmement, l’autoconsommation est évaluée à la moyenne belge (actuellement 37,76%). Tout ce qui n’est pas autoconsommé sera facturé.
  • Le tarif proportionnel ou réel: c’est le tarif appliqué pour les possesseurs d’un compteur électronique double flux, capable de mesurer précisément la quantité annuelle d’énergie prélevée depuis le réseau. C’est celle-ci qui sera facturée.

Ce qui est moins connu du grand public, c’est que le tarif proportionnel est actuellement plafonné au tarif capacitaire. Ce qui veut dire qu’un foyer muni d’un compteur double flux qui prélève plus d’électricité que l’estimation du tarif capacitaire ne payera jamais davantage. Par contre, s’il en prélève moins il payera moins. Le tarif proportionnel est donc plus “juste” et plus intéressant financièrement dans plusieurs cas de figure:

  1. Le foyer autoconsomme plus que la moyenne des 37,76%, à consommation totale équivalente. Dans la pratique, ceci est difficile à atteindre sans batterie à domicile, mais c’est possible.
  2. L’installation est surdimensionnée par rapport aux besoins en énergie réels du foyer. Dans ce cas-là, l’estimation du tarif capacitaire sera toujours au-dessus de la réalité, même si le foyer autoconsomme peu.
  3. Le foyer réussit à baisser sa consommation annuelle en économisant l’énergie, par exemple en remplaçant des appareils énergivores. L’installation existante devient surdimensionnée par rapport aux nouveaux besoins réels mais le tarif capacitaire est incapable de prendre en compte ces économies.
  4. L’installation est défectueuse ou ne produit pas assez d’énergie par rapport à l’estimation annuelle, par exemple à cause d’un ombrage trop important de la toiture ou de fréquents décrochages de l’onduleur. Avec un compteur mécanique qui ne permet pas de différencier une baisse des injections d’une augmentation des prélèvements, le foyer sera facturé deux fois pour l’énergie non produite qu’il est obligé de prélever du réseau: une première fois au plein tarif d’après le relevé du compteur, et une deuxième fois via le tarif prosumer capacitaire.

Exemple de consommation et d'injection estimés pour un foyer avec une installation de 5 kWe

Prenons un exemple concret pour illustrer une surfacturation typique du tarif capacitaire:

En 2017, la famille Janssens a 2 enfants et leur consommation d’électricité s’élève à 4500 kWh par an. Ils décident d’installer un maximum de panneaux photovoltaïques sur la toiture de leur maison afin de couvrir leurs besoins en énergie présents et futurs: 6 kWc sur un onduleur de 5 kVA. Aujourd’hui, ils doivent payer le tarif prosumer. Le tarif capacitaire estime leur consommation d’électricité annuelle à 4550 kWh d’après la taille de leur installation (910 kWh/kWc × 5 kVA).

Mais entretemps, ils ont remplacé leurs électroménagers et luminaires par des modèles plus économiques, ont abandonné leur chauffage d’appoint électrique et le fils ainé a quitté le domicile: leur consommation d’électricité totale ne s’élève maintenant plus qu’à 3000 kWh par an. Le tarif prosumer capacitaire est malheureusement incapable de prendre en compte ces économies.

S’ils parviennent à augmenter leur autoconsommation de 37,76% à 50%, ce qui est faisable avec une gestion intelligente de l’énergie couplée à une installation surdimensionnée comme la leur, leurs prélèvements d’énergie annuels ne s’élèveront plus qu’à 1500 kWh par an au lieu des 2832 kWh estimés par le tarif capacitaire ((1 - 0,3776) × 4550 kWh). Dans ce cas de figure, ils payeront leur tarif prosumer 89% trop cher s’ils gardent leur compteur mécanique (200 € de trop au tarif actuel). Ils ont donc intérêt à passer au plus vite au compteur double flux.

En attendant une version web, la CWaPE fournit un simulateur prosumer sous la forme d’un document Excel, qui permet d’évaluer les économies que vous pouvez faire en installant un compteur double flux.

Le photovoltaïque est-il encore rentable avec le tarif prosumer ?

Pour une même quantité totale d’énergie consommée, un foyer prosumer wallon payera l’électricité prélevée du réseau moins cher et en quantité inférieure par rapport à un foyer classique. Pour donner un ordre de grandeur, en considérant que le tarif prosumer représente actuellement 41% du plein tarif de l’électricité et que l’autoconsommation du foyer est de 37,76% ou moins, cela revient à diminuer la facture d’électricité annuelle de 75% (hors frais fixes) avec la possibilité de la réduire davantage en autoconsommant plus. Donc oui, même avec le tarif prosumer, le système du compteur qui tourne à l’envers reste avantageux, surtout si on le compare au coût actuel d’investissement d’une batterie à domicile qui remplit la même fonction avec une capacité de stockage limitée.

La seule alternative est le système de facturation mis en place actuellement en Flandre et à Bruxelles où les foyers prosumers doivent payer leur électricité prélevée au plein tarif et revendre leur électricité injectée à un tarif bien inférieur. Ces tarifs varient d’un fournisseur à l’autre et sont ré-évalués chaque mois en fonction du coût de production de l’électricité. En avril 2023, le tarif d’injection moyen était de 0,07 €/kWh, soit 19% du plein tarif de prélèvement (taxes et frais de transport inclus). En partant du principe qu’un foyer injecte la même quantité d’électricité que ce qu’il prélève, il payera au final son électricité prélevée à 81% du plein tarif, contre 41% actuellement avec le tarif prosumer wallon: 2 fois plus cher. Pire: s’il autoconsomme moins de 37,76% de sa production, il y perdra encore plus car le coût de l’énergie prélevée n’est pas plafonné. Pour augmenter la rentabilité de son installation sur le long terme avec un tel système de facturation, il faut compenser en surdimensionnant son installation pour pouvoir revendre plus d’électricité ou en autoconsommant plus à l’aide d’une batterie à domicile. Ces deux options représentant un coût d’investissement considérable qui ne pourra que baisser dans les années à venir.

Ce système de facturation moins avantageux sera également instauré en Wallonie en 2030 pour les installations existantes, et dès 2024 pour les nouvelles installations. Il y a donc une forte demande pour équiper les foyers wallons de panneaux photovoltaïques avant la fin de l’année 2023 et ainsi continuer à bénéficier du système du compteur qui tourne à l’envers jusqu’en 2030. Certains installateurs peu scrupuleux n’hésitent d’ailleurs pas à gonfler leurs prix en conséquence.

Décrochages en cascade

Cet été a vu de nombreux propriétaires wallons d’installations photovoltaïques victimes de “décrochages” de plus en plus fréquents de leur onduleur. C’est devenu un problème majeur aujourd’hui.

L’onduleur est l’appareil qui transforme le courant continu produit par les cellules photovoltaïques en courant alternatif utilisable à domicile et injectable sur le réseau électrique. Durant les pics d’ensoleillement, lorsque l’autoconsommation est faible et que les quantités d’électricité injectées sur le réseau sont maximales, il arrive que celui-ci sature par endroits et ne parvienne pas à absorber toute l’énergie produite, provoquant une surtension. Ceci se produit dans les zones où le réseau électrique n’est pas ou plus adapté au nombre élevé d’installations productrices d’électricité qui y sont présentes. Lorsqu’un onduleur situé dans une de ces zones détecte un dépassement de la tension maximale autorisée, il se déconnecte purement et simplement afin de supprimer sa contribution au problème, jusqu’à ce que la tension retrouve un niveau normal et stable. À l’exception des modèles connectés à une batterie (très rares en Wallonie aujourd’hui), l’électricité produite par un onduleur qui “décroche” du réseau électrique est perdue et ne peut même pas être utilisée pour l’autoconsommation.

Paradoxalement, le système de facturation du compteur qui tourne à l’envers a largement contribué à l’apparition de ces problèmes car jusqu’à l’introduction du tarif prosumer, il encourageait l’injection de grandes quantités d’électricité dans le réseau (au détriment de l’autoconsommation) par des foyers qui ne contribuaient pas au financement de ce réseau comme les autres. Un réseau qui au fur et à mesure de l’apparition de nouvelles installations photovoltaïques a de plus en plus besoin d’être renforcé pour pouvoir absorber ces nouvelles charges.

À présent certains se plaignent de devoir payer le tarif prosumer alors que leur onduleur décroche. Ils réclament une compensation. Mais une compensation qui couvre quoi exactement ? Car le problème n’est pas simple: les décrochages empêchent d’injecter de l’électricité sur le réseau et se produisent principalement pendant les périodes de faible consommation. Ce serait donc plutôt un manque à gagner sur l’injection, or comme on l’a vu le tarif prosumer concerne uniquement les prélèvements. Il permet aussi de contribuer au financement du renforcement du réseau en vue d’éviter les futurs décrochages, donc ne pas le payer ne ferait qu’aggraver le problème. Et s’il est vrai que les décrochages privent les prosumers d’une partie de leur production durant les périodes où celle-ci est la plus importante, encore faut-il que la différence entre prélèvements et injections au bout d’un an soit positive pour qu’il y ait une vraie perte financière (la surproduction étant toujours perdue avec le système du compteur qui tourne à l’envers). Enfin, il faut savoir qu’évaluer précisément cette perte de production n’est pas possible en se basant uniquement sur les relevés du compteur qui ne mesure pas directement la production de l’onduleur, mais seulement l’injection après autoconsommation. Le fait de posséder un compteur double flux permet à minima d’éviter la double facturation de l’énergie prélevée dans le cas d’importantes pertes de production.

Si vous êtes victime de décrochages fréquents de votre onduleur, la meilleure chose à faire est probablement de signaler ceux-ci via le site de BeProsumer, l’association des prosumers belges.

Le mal-aimé compteur communicant

Photo des compteurs communicants S211 (monophasé) et T211 (triphasé)

L’installation d’un compteur communicant n’est pas encore obligatoire en Wallonie car celui-ci n’est pas strictement nécessaire pour le système de facturation du compteur qui tourne à l’envers. Pourtant, ce compteur offre de nombreux avantages qu’il serait dommage d’ignorer.

En tant que compteur double flux, la fonction principale du compteur communicant est de mesurer séparément les injections et les prélèvements d’électricité dans le temps, contrairement au compteur mécanique qui ne conserve que la différence entre les deux valeurs et ne garde aucun historique. Le compteur communicant permet de récupérer ces données et bien plus.

Contrairement aux idées reçues, un compteur double flux peut aussi “tourner à l’envers” comme un compteur mécanique. En relevant les prélèvements et les injections sur un an et en faisant la différence entre les deux, on obtient la même valeur qu’avec un compteur mécanique: qui peut le plus peut le moins. Remplacer votre compteur mécanique par un compteur communicant ne vous fera donc pas passer à un système de facturation plus cher, au contraire il vous permettra d’éviter de payer un tarif prosumer trop élevé comme vu dans l’exemple de la famille Janssens grâce à la mesure précise des prélèvements sur le réseau.

Un autre avantage moins connu du compteur communicant est qu’il est capable de fonctionner en mode de facturation bihoraire ou monohoraire. Il n’est pas nécessaire de changer de compteur pour passer de l’un à l’autre, il suffit d’introduire une demande à son fournisseur d’énergie. Le monohoraire est généralement plus avantageux pour le système de facturation du compteur qui tourne à l’envers.

L’une des fonctions les plus intéressantes du compteur communicant pour le consommateur est la possibilité d’accéder lui-même à toutes les données collectées via le port client P1. Celui-ci est fermé par défaut; il ne faut donc pas hésiter à demander son ouverture gratuite lors de l’installation du compteur car une ouverture ultérieure sera facturée. Les applications sont nombreuses. Il est par exemple possible d’y brancher un boitier permettant de visualiser via une application les valeurs instantanées ainsi que l’historique complet des prélèvements et injections d’électricité. Ceci permet de mieux analyser la consommation des différents appareils électriques du foyer et déterminer le meilleur moment auquel les allumer en fonction de la production des panneaux photovoltaïques. Une autre possibilité est la connexion à une borne de recharge intelligente pour véhicules électriques dans le but d’ajuster la vitesse de charge dynamiquement en fonction de la capacité électrique actuelle.

Comme son nom l’indique, le compteur communicant est doté d’un module qui transmet les relevés à distance au gestionnaire du réseau électrique de la région de façon quotidienne, permettant d’éviter le passage d’un technicien chaque année. Certains y voient une intrusion de la vie privée; personnellement je ne juge pas ce type de données particulièrement sensible, d’autant plus qu’elles sont chiffrées de bout en bout. D’autres soulèvent des questions de santé liées à l’impact des ondes radio émises par le compteur. Contrairement au compteur français Linky qui utilise la technologie de courant porteur en ligne, tous les compteurs installés en Belgique font usage de la technologie NB-IoT. Il s’agit d’un protocole de communication radio basé sur l’infrastructure 4G existante, optimisé pour transférer des données à très bas débit avec une latence élevée sur de longues distances en utilisant une très faible quantité d’énergie. Autrement dit, similaire mais beaucoup moins puissant qu’un téléphone portable, et on ne le colle pas à son oreille.

Si malgré tout vous n’êtes pas convaincu(e), sachez qu’il est encore toujours possible de demander la désactivation de la fonction communicante du compteur. Ceci n’a pas d’impact sur les autres fonctionnalités de l’appareil.

Le placement d’un compteur communicant chez les clients résidentiels wallons est actuellement gratuit jusqu’au 31 décembre 2023, grâce à une prime de la région wallonne. Il n’est pas nécessaire de posséder une installation photovoltaïque pour en bénéficier. L’installation coûte 160€ HTVA en temps normal.

Qu’est-ce qui change pour les Wallons en 2024 ?

Dès 2024, les nouvelles installations de panneaux photovoltaïques ne pourront plus bénéficier du système de facturation du compteur qui tourne à l’envers. Il sera possible de revendre sa production d’électricité comme à Bruxelles et en Flandre. Un compteur communicant double flux sera indispensable pour ce type de facturation. Mais attention, c’est également à ce moment-là que leur installation cessera d’être gratuite. Donc même si vous n’avez pas encore de panneaux photovoltaïques chez vous, je recommande le placement d’un tel compteur dès aujourd’hui.

En 2024, les primes de compensation du tarif prosumer dont bénéficient les propriétaires d’anciennes installations prendront fin. Tous les Wallons qui bénéficient du système de facturation du compteur qui tourne à l’envers devront donc s’acquitter du plein tarif prosumer. Afin de payer le prix le plus juste, basé sur les prélèvements réels et non une estimation, il est également nécessaire d’utiliser un compteur communicant double flux dont l’installation, je le répète, cessera d’être gratuite.

Enfin, la méthode de calcul du tarif prosumer capacitaire va légèrement changer en 2024:

  • Le facteur de production annuelle des panneaux photovoltaïques passera de 910 kWh/kWc à 1000 kWh/kWc, ce qui signifie que l’estimation de la consommation totale annuelle d’électricité sera revue à la hausse.
  • D’un autre côté, la moyenne de l’autoconsommation passera de 37,76% à 40,26%, ce qui signifie que l’estimation de la quantité d’électricité prélevée sera revue à la baisse.

En combinant les deux changements, on obtient une augmentation de 5,5% du tarif prosumer capacitaire par rapport à l’ancienne méthode de calcul, ce qui n’est pas énorme mais vaut la peine d’être souligné.

Conclusions

  • Le système de facturation du compteur qui tourne à l’envers reste de loin le plus avantageux pour les clients wallons qui produisent leur propre électricité, même avec le tarif prosumer. Il prendra fin en 2030.
  • Pour pouvoir en bénéficier d’ici-là, il faut déclarer son installation avant la fin de l’année 2023, la date de contrôle par l’organisme de certification faisant foi.
  • L’installation d’un compteur communicant double flux permet de réduire le montant de la facture prosumer, en particulier pour les installations surdimensionnées et les foyers qui autoconsomment beaucoup.
  • En cas de décrochages d’onduleur fréquents, le compteur communicant vous permet de perdre moins d’argent et permet au gestionnaire du réseau de mieux analyser le problème.
  • La maximisation de l’autoconsommation est l’objectif principal à atteindre car il permet de baisser le coût des prélèvements d’électricité quel que soit le tarif et limiter les surtensions du réseau électrique qui provoquent les décrochages d’onduleur.

Cette priorité à l’autoconsommation passe aussi par un changement de nos habitudes. Machine à laver, taques de cuisson, lave-vaisselle, aspirateur: il faut apprendre à utiliser nos appareils les plus énergivores en journée, pendant les périodes d’ensoleillement. Et vu la part de plus en plus importante de photovoltaïque dans notre mix énergétique, il y a fort à parier qu’à l’avenir le coût de l’électricité devra être modulé selon la même logique.

J’espère que ce long article vous aura appris des choses et vous aidera à mieux consommer votre énergie en tant que prosumer. N’hésitez pas à soulever vos remarques dans la section commentaires ou sur Mastodon et Twitter/X.

Christophe Beyls